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Marabunta

Acclimatation
La Villa Arson

Nice. France

30 October – 01 February 2009

Aborder la nature dans le contexte de l’exposition déclenche le plus souvent nombre de lieux communs et de nombreuses confusions, entre sciences naturelles, botanique, jardinage, écologie et bucolisme. Et lorsqu’il est question d’environnement, d’écologisme, le facteur politique catégorise plus encore les oeuvres choisies. Dès lors, comment aborder la nature et ses adjuvants sans risquer la démonstration moralisante ou l’esprit de surface, agrémenté de plantes vertes ?

Le projet « Jardin d’acclimatation » naît de l’ambivalence qui tiraille la question naturelle : désir de protection et de fixation d’une part, mutation inéluctable liée à l’évolution des espèces telle que Darwin l’a explicitée d’autre part. L’écologie se partage entre les adeptes d’une conservation quasi religieuse d’un état naturel, isolant complètement certains sanctuaires de toute interaction avec l’homme, et une autre frange qui entend gérer les mutations de l’environnement et anticiper ainsi certains changements. Entre catastrophisme et optimisme, le problème sociétal lié à la nature et son évolution résonne dans le domaine artistique avec beaucoup de prudence et de positionnements tant plastiques qu’ontologiques. S’il existe bien un art écologique depuis une trentaine d’années, celui-ci s’est choisi l’espace public urbain et l’efficience sociale et scientifique comme terrain de réalisation. Récemment, une génération plus jeune s’est posée les questions de son activité et son implication dans les champs du politique et de l’écologique tout en restant « protégée » au sein du musée, avec des installations de « sensibilisation ». Mais bon nombre d’artistes échappent à ces « familles ». Impliqués dans une vision totalement synthétique du monde naturel, analystes distants des implications du dérèglement environnemental, ces artistes, de différentes générations et de différents pays, abordent collatéralement leur activité critique.

À la manière d’un jardin botanique qui collecterait des échantillons pour les conserver et les élever, à la fois dans un souci d’expérimentation scientifique et d’observation publique, le projet « Jardin d’acclimatation » déploie sa propre théorie de l’évolution guidée par l’esprit de mutation et transformation.

Sectorisée par départements, l’exposition présente des oeuvres et des artistes dont la volonté n’est pas d’engager une réflexion moralisatrice ou réactive à des problèmes précis relevés dans l’environnement. Le projet « Jardin d’acclimatation » s’intercale dans une réflexion sur la nature qui explore plus généralement le rapport à la science, l’artiste en laborantin, une démonstration socio-culturelle de l’engagement politique ou une vision post-romantique du cadre naturel. L’exposition est un jardin d’intérieur qui propose une osmose avec la structure labyrinthique des espaces du premier niveau, articulée avec l’extérieur en demeurant totalement clos et protégé, pour déployer une classification par département. Ce système revendique un caractère narratif fort ; l’histoire possible d’une nature totalement synthétique, d’un environnement totalement désincarné, entre conservation et anticipation, réalité géopolitique et fantasmes, causes et effets.

Bénédicte Ramade

liens: acclimatation, villa arson

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