L’incomplétude permanente de la vie

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Estuaire

Nantes. France

06 June – 23 August 2009

« Voilà bien le problème que pose l’errance : la fuite est nécessaire, elle
exprime une nostalgie, elle rappelle la fondation. Mais pour que cette fuite
ait un sens, il faut qu’elle s’opère à partir de quelque chose qui soit
stable. Pour outrepasser la limite, il faut bien que celle-ci existe. ainsi
plutôt que de penser un des termes de la dialectique d’une manière séparée,
est-il indispensable de l’envisager dans sa globalité. C’est pour décrire
cela que j’ai proposé de parler d’un « enracinement dynamique ». Il s’agit
d’une bipolarité, spécifiant au mieux le paradoxal antagonisme de toute
existence. On est d’un lieu, on crée, à partir de ce lieu, des liens, mais
pour que celui-là et ceux-ci prennent toute leur signification, il faut
qu’ils soient, réellement ou fantasmatiquement, niés, dépassés,
transgressés. Il s’agit là d’une marque du sentiment tragique de l’existence
: rien ne se résout dans un dépassement synthétique, mais tout se vit dans
la tension, dans l’incomplétude permanente. [...]

La limite ne peut se comprendre qu’en fonction de l’errance, tout comme
celle-ci a besoin de celle-là pour être signifiante. C’est en ce sens que la
distance, autre manière de dire l’ailleurs, les distances mises entre les
diverses personnes entrent dans une construction globale, dont les divers
éléments, du plus important au plus minuscule, du plus habituel au plus
étrange, font sens. Construction organique n’étant pas pleine ou positive,
mais intégrant du vide, du creux, de l’immatériel, du vent. On sait que
celui-ci, compris ici d’une manière métaphorique, se rit des barrières, il
est tout à la fois totalement présent dans l’espace où il passe, mais en
reste étranger, porteur qu’il est des autres espaces d’où il vient. »
(Michel Maffesoli, « Du nomadisme »)

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